Jeunes, en quête de justice?
Malgré un fort attachement des citoyens à la justice, la justice ne parvient pas à contrer toutes les inégalités, donnant même l’impression qu’elle vient renforcer les injustices sociales.
La récente campagne Tam Tam[1], «#Notre réalité sur la justice», portée par un collectif d’experts, d’associations, d’acteurs de terrain et de citoyens, dénonçait les effets des politiques de l’austérité sur le système judiciaire, la politique de rendement de la justice et ses effets sur les plus pauvres, l’inaccessibilité des lieux de justice notamment dans les zones rurales, les problèmes liés à l’informatisation de la justice, des procédures et des effectifs sans cesse rabotés ou encore l’indépendance des juges de plus en plus mise à mal.
Pour la 6e édition de son projet Bruxitizen*, l’Agence Alter a choisi d’interpeller les jeunes sur ces problématiques. Pour en débattre, elle réunissait le 24 octobre 2018 au Festival des Libertés des élèves de l’Institut Notre-Dame d’Anderlecht, de l’Athénée Jean Absil d’Etterbeek, de l’Athénée André Thomas de Forest et des étudiants de l’Université Saint-Louis. Ces jeunes ont pu interroger le système judiciaire en présence d’acteurs d’exception: Damien Vandermeersch, Christian Panier, Martine Castin, Dominique De Fraene. Ensemble, ils ont travaillé sur les problématiques de la désobéissance civile, de l’enfermement des mineurs, des peines alternatives à la prison, des discriminations et de l’automatisation de la justice.
«Quand on juge, c’est créer un débat, où l’on donne la parole à tout le monde.» Damien Vandermeersch, magistrat à la Cour de cassation et professeur de droit
Créer le débat avec les jeunes est essentiel pour l’Agence Alter, notamment sur la désobéissance civile, en montrant aux jeunes qu’en osant franchir des clous, des personnes sont parvenues dans le passé et aujourd’hui encore à créer le débat entre les différentes parties de la société. Damien Vandermeersch nous rappelait à cette occasion que l’un des atouts de la justice est justement de créer du débat: «Quand on juge, on crée un débat, où l’on donne la parole à tout le monde. Ce qui permet de reposer toute une série de questions et de remettre en cause une série de choses.» Et puis aussi concluait-il: «La jeunesse, c’est l’opinion publique… si l’on n’est pas idéaliste à 20 ans, qu’est-ce que l’on sera à 60 ans?»
Durant les deux mois du projet Bruxitizen, les élèves du secondaire ont suivi une formation à la joute oratoire. Le but? Leur apprendre à prendre place dans un débat grâce à la maîtrise de l’argumentation. Quant aux étudiants de l’Université Saint-Louis, ils ont suivi notre formation média «Alter Médialab» pour apprendre à réaliser de l’information (articles, reportages photos, vidéo et radio).
«Faut-il désobéir à une loi que l’on considère comme injuste?»
Bruxitizen se clôturait, fin novembre, sous forme d’une finale de «joute oratoire» et d’une session de «journalisme vivant». Les élèves jouteurs se sont affrontés devant un jury constitué de Manuela Cadelli (juge et présidente du syndicat des magistrats), Anne Löwenthal (blogueuse militante et chroniqueuse) et Pierre-Yves Rosset (attaché au délégué général des Droits de l’enfant). Ils ont dû argumenter et contre-argumenter sur quatre questions clefs: Faut-il une justice plus égalitaire, au risque de l’iniquité? Sommes-nous responsables de ce que nous sommes? Faut-il privilégier les peines alternatives à la privation de liberté? Faut-il désobéir à une loi que l’on considère comme injuste?
Les étudiants, eux, ont présenté sur scène leurs productions journalistiques dont vous découvrirez une partie dans cette édition 2018 de Bruxitizen.
[1] Campagne Tam Tam à visionner en ligne: https://www.campagnetamtam.be/fr-justicevideo.