Pas de crise du logement étudiant
Alors que le confinement s’est installé comme notre mode de vie quotidien, nous nous sommes posé la question de savoir comment les facultés bruxelloises se sont occupées de leurs logements universitaires et des étudiants qui y résident.
Bruxelles est incontestablement une ville étudiante, comme on peut s’en rendre compte en se baladant dans la capitale. Il y a dans la Région une centaine de milliers d’étudiants inscrits dans les différents établissements d’enseignement supérieur. Près d’une cinquantaine d’institutions y sont subventionnées par la Fédération Wallonie-Bruxelles, parmi lesquelles trois universités, dix hautes écoles, neuf écoles supérieures des arts ou encore 26 établissements de promotion sociale.
La question qui se pose alors est: «Où logent tous ces étudiants?» D’après une étude réalisée par la Ville de Bruxelles, la proportion des jeunes qui habitent chez leurs parents et celle de ceux qui ont un logement étudiant ou personnel sont quasiment les mêmes. Par logement étudiant, on entend les studios, les kots, les résidences, les colocations… La plupart des logements étudiants se trouvent naturellement dans les quartiers où se situent les établissements d’enseignement supérieur, comme à Ixelles, Bruxelles-Ville ou Etterbeek…
S’adapter, d’une vague à l’autre
Certains établissements supérieurs disposent de plusieurs logements sur leur campus ou alors dans les alentours. À l’Université Saint-Louis, les kots sont restés à la disposition des étudiants durant le premier confinement. C’est le cas de la résidence Ommegang, gérée par le service logement de l’université et l’entreprise Quares, où loge Matthias Deljarry, étudiant en bachelier. Alors que les lieux accueillent habituellement 141 personnes, Matthias nous explique que les étudiants présents dans la résidence ne devaient être qu’une trentaine, lors du premier confinement: «Les règles étaient certes plus strictes, dans le respect des distanciations sociales, mais on se croyait tout de même un peu en colonie de vacances. On avait installé une télévision dans la salle commune, mis des canapés et on utilisait la terrasse pour faire de la musculation ou du yoga.» Ses compères et lui n’ont pas nécessairement ressenti de solitude à ce moment-là.
Matthias nous confie qu’au moment de la deuxième vague, beaucoup d’étudiants ont attrapé le Covid. L’université s’est adaptée, en fournissant des gels hydroalcooliques, en obligeant le port du masque ou en nettoyant les salles communes de façon plus intensive. Un changement qui n’a pas tellement pesé sur le moral du jeune homme. «On fonctionnait comme une famille, comme une bulle: personne de l’extérieur ne rentrait et le port du masque était la norme.» Avec le recul, Matthias se rend compte que l’université comme les résidents ont fait tous de leur mieux pour vivre ces confinements successifs. En outre, parmi les changements opérés, l’étudiant admet que, s’il y a eu des problèmes de connexion internet au début de la pandémie, tout a été vite réglé pour permettre aux étudiants un confort maximal pour suivre les cours qui se donnaient à distance.
«L’université a fait un geste»
En ce qui concerne l’aspect financier de ces logements étudiants, il existe plusieurs types de baux qui répondent à la situation socio-économique des étudiants. Cela leur permet de trouver un logement, sans devoir se ruiner, surtout quand on sait qu’à Bruxelles, le prix moyen d’une location étudiante est de 475 €.
Après le premier confinement, le service logement de l’Université Saint-Louis a reçu plusieurs demandes de parents pour rompre le bail. «La réponse fut négative, explique la responsable du service, Bénédicte Waucquez, car les résidences étaient ouvertes et les étudiants y avaient accès.» D’autres parents ont demandé au service de pouvoir au moins ne pas payer les charges. «C’est une question qui a été débattue au sein de nos autorités et en concertation avec d’autres universités», poursuit la responsable. Ce n’est qu’après cette concertation que les étudiants qui n’ont pas logé dans la résidence durant le premier confinement ont eu un remboursement des charges. «L’université a fait un geste, elle n’y était pas du tout obligée, elle a donc remboursé deux mois de charges, c’est-à-dire 150 € aux étudiants.» À côté de ce soutien, le service constate que le nombre de demandes d’aide financière structurelle au logement a augmenté, et, de son côté, le bureau d’aide sociale de l’université a octroyé bon nombre d’aides financières ponctuelles aux étudiants qui avaient perdu leur job suite au Covid, soit une aide de 85 €.
Kots, toujours la cote?
Après une fin d’année académique, l’an dernier, particulièrement chamboulée par le Covid-19, et une autre qui s’est principalement déroulée à distance, par écran interposé, de nombreux étudiants ont réfléchi à la possibilité de louer ou non un kot. En effet, si les cours se font à distance et si les jobs étudiants sont de plus en plus rares, il est plus simple pour les jeunes de rester vivre chez leurs parents où ils seront entourés pour mieux supporter la situation, tant humainement que financièrement.
Néanmoins, à l’Université Saint-Louis, le service logement n’a pas constaté une diminution des demandes de logement. «Par contre, avec la fermeture des frontières et les quarantaines, nous avons eu moins de demandes de logement de la part d’étudiants étrangers», indique Bénédicte Waucquez. Les autres établissements supérieurs affirment que le nombre de demandes pour louer des kots et le nombre de remplissages de ceux-ci sont restés quasiment les mêmes que les années précédentes. «Lors de la première matinée d’information pour les futurs étudiants, nous avons déjà eu près d’une vingtaine de demandes pour l’année prochaine.» Le Covid-19 n’a donc visiblement pas changé grand-chose à ce niveau-là…