Emma, jeune engagée: «Le changement, c’est nous»

La participation des jeunes est un concept diffus que nos politiques tentent d’intégrer dans nos écoles. L’instauration de conseils de classe ou encore de délégués d’élèves dans le parcours éducatif reflète les tentatives d’élargir le champ d’activités des jeunes au sein de l’enseignement. «Si ces initiatives sont nobles, elles doivent encore être soumises à certaines modifications avant de pouvoir les considérer comme abouties», témoigne Emma, étudiante engagée depuis son adolescence.

 

AML:Emma, tu t’es d’abord engagée en tant que déléguée d’élèves en secondaire. Qu’est-ce qui t’a motivée?

EMMA:En fait, je n’ai pas été tout de suite déléguée des élèves. J’ai d’abord été déléguée de classe en deuxième secondaire. La raison en est simple, personne ne voulait se présenter et, étant de nature participative, je me suis proposée. Ma réflexion à ce moment a vraiment été la suivante: «Si je ne le fais pas, qui le fera?» Ma démarche, à cette époque, n’était pas encore de vouloir faire évoluer les choses d’un point de vue systémique au sein de l’institution scolaire. Je me contentais d’aller aux réunions mensuelles des délégués et d’organiser des projets pour ma classe.
Une fois arrivée en 5e secondaire, mon approche était différente. À ce moment, m’engager davantage dans la vie scolaire commençait à faire sens. Ce que je ne savais pas, c’est que cette année-là, l’élection pour les délégués d’élèves avait également lieu. Une fois élue déléguée de classe, j’ai donc été, de facto, placée sur la liste des délégués d’élèves et, à ma grande surprise, j’ai été élue. Je me suis donc retrouvée à la présidence du conseil d’élèves avec un certain nombre de responsabilités, telles que la planification et l’animation des réunions, la proposition de nouvelles idées, la gestion des projets et d’autres encore.
Ce qui m’a vraiment aidée à rester motivée, malgré le temps et l’investissement que ça me demandait, c’est mon envie de faire évoluer les choses en redynamisant le conseil de classe. Si je ne me sentais pas spécialement incluse au sein des élèves, je m’entendais très bien avec la direction. J’ai donc adopté le rôle de médiatrice en quelque sorte qui m’a permis de mener à bien certains projets importants, comme une enquête bien-être auprès des élèves. Celle-ci nous a permis de cerner de façon précise les besoins des jeunes.

AML:Penses-tu que ton éducation ait été un facteur décisif dans ton envie d’engagement?

EMMA:Je ne pense pas spécialement que mon éducation soit l’élément déclencheur. J’ai en fait toujours été attirée par la politique. Déjà petite, quand je partais en vacances en Ardenne avec mes grands-parents, je leur posais des questions sur le rôle des partis et leur fonctionnement. À cela, j’y vois peut-être une explication génétique. En effet, mon arrière-grand-père s’était lui-même engagé dans un mouvement pour la paix durant la période de l’après-guerre. Mon envie de faire évoluer les choses via le politique vient peut-être de là.
Là où mon éducation a été décisive concerne mon investissement sur du long terme. Petite, je n’étais pas vraiment fan de l’école et ma maman, à l’époque, a vraiment essayé de m’inculquer une certaine rigueur. Grâce à ça, j’ai appris à m’investir pleinement dans un projet, peu importe son degré de difficulté. Cette valeur du travail inculquée par ma mère m’a vraiment permis de voir chaque nouvel investissement comme un challenge à surmonter.

AML:Est-ce que ton expérience au cours de tes années secondaires t’a aidée dans ton rôle de coprésidente de faculté, une fois à l’université?

EMMA:Dans un certain sens oui. Étant de nature introvertie et pas vraiment à l’aise avec le groupe, m’être occupée d’une équipe m’a vraiment permis de développer davantage ma sociabilité, ainsi que mes capacités à travailler en groupe. Cela n’est pas négligeable quand tu te retrouves à la tête d’un organisme tel que le CRÉ, le Comité représentatif des étudiants. Celui-ci a pour objectif de nourrir un lien entre les étudiants et les professeurs au sein de l’université. Cette relation est entretenue au sein des conseils de faculté où siègent professeurs, représentants du personnel scientifique et administratif ainsi que 25% d’étudiants (c’est une obligation légale).Donc, une fois propulsée au rang de coprésidente, je me suis retrouvée avec tout un tas de responsabilités encore complètement inconnues pour moi à l’époque. Cette situation a vraiment fait ressortir le côté «challengeuse» en moi. Je me suis vite rendu compte qu’il y avait très peu de structures et de clarté quant aux missions à effectuer. J’ai donc décidé, en collaboration avec mon comité, de remettre les statuts à jour, de créer un document de fonctionnement, de rédiger un mémorandum ainsi que de revoir le processus d’élection afin qu’il soit plus démocratique. Tout ça m’a demandé un investissement phénoménal, mais cela a permis de redynamiser le Comité, ainsi que de le rendre plus crédible au sein du Conseil de faculté.
Le travail effectué en amont des réunions nous a aidés à acquérir une certaine légitimité face aux autres membres de cette assemblée. Cela nous a permis de gagner certaines «batailles». Parmi celles-ci, la promotion de la représentation étudiante occupe pas mal de notre temps. À cet effet, nous avons décidé de procéder en deux temps. Tout d’abord, la mise à jour de nos réseaux sociaux ainsi que la parution d’un article portant sur le Comité et son rôle ont contribué à nous faire connaître par un plus large public étudiant. Ensuite, une visite de la bibliothèque a également été organisée afin de créer un espace de rencontre entre les étudiants et leurs représentants.

AML:Un mot pour la fin?
EMMA:Si je devais tirer une conclusion de ces différentes expériences, je dirais qu’il serait vraiment nécessaire de développer, dans le milieu scolaire et universitaire, des formations qui préparent et aident les jeunes à remplir leurs fonctions au mieux. Hormis ce petit bémol, je conseille vivement à tous les jeunes qui liront cet article de ne pas avoir peur de se lancer. Les compétences acquises tout au long de mon parcours m’ont permis de me frayer une place dans la société. Je suis fière aujourd’hui de pouvoir m’affirmer en tant que citoyenne active de ma communauté.

 

 

Propos recueillis par Lola Burattin

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