Focus sur le stage de transition
Nombreux sont les plans à l’embauche mis en place par le gouvernement belge. Parmi ceux-ci, un petit nouveau a fait son apparition en 2013 : le stage de transition professionnelle. L’équipe de Bruxitizen s’est penchée sur le sujet.
Depuis 2013, un nouveau type de stage, lancé par le fédéral, est apparu en Belgique : le stage de transition professionnelle. Rémunéré, celui-ci ambitionne d’offrir « aux jeunes chercheurs d’emploi peu qualifiés une première expérience professionnelle tout en étant encadrés et en bénéficiant d’une formation ».
Le stage de transition? Quoi, quand, et pour qui?
Les stages de transition concernent de jeunes adultes de moins de 30 ans porteurs au maximum d’un diplôme ou d’un certificat de l’enseignement secondaire supérieur. Ceux-ci doivent être inscrits en tant que demandeur d’emploi dans l’un des organismes suivants: Actiris, ADG, Forem, VDAB. Mais atten-tion, ce n’est seulement qu’après six mois de stage d’insertion (voir encadré) que le jeune demandeur d’emploi peut effectuer un stage de transition professionnelle. Celui-ci dure six mois et est rémunéré à hauteur de 26,82 par jour de travail (allocation de stage tou-jours payée par l’Onem quelle que soit la région). L’employeur verse quant à lui une indemnité mensuelle de 200 euro. Il bénéficie cependant de réductions de charge salariale à hauteur de 800 euros par trimestre pour le tuteur du stagiaire. Le stagiaire effectue un temps plein. Une fois le stage terminé l’employeur est libre d’engager le stagiaire ou non.
Attention : les compétences réglementaires en matière d’accès au stage de transition sont passées aux Régions depuis la sixième ré-forme de l’Etat. Ce qui veut dire que les conditions d’accès au stage de transition pourront varier selon que l’on habite Bruxelles, la Flandres, la Wallonie ou la communauté germanophone. C’est d’ailleurs déjà le cas en Flandre (voir encadré).
Le stage de transition en pratique
Le stagiaire est soumis aux règles en applica-tion dans l’entreprise qui l’accueille. Comme tout autre travailleur de l’entreprise, il preste un temps plein, est soumis aux mêmes règles de sécurité. Les frais de déplacement sont à la charge de l’employeur. Contrairement à l’employé lambda, le stagiaire ne peut pas choisir de faire des heures supplémentaires, et ne bénéficie pas de congés payés. Interdiction également de toucher des primes, les seuls revenus auxquels il a droit étant l’indemnité mensuelle et les allocations de stage. Le stagiaire ne peut prétendre à ces allocations qu’à condition d’introduire au-près de son organisme de paiement une attestation de présence signée par le maitre de stage à la fin de chaque mois.
À la rencontre d’un stagiaire
Chloé a 25 ans, elle est française et titulaire d’un bac +2. Son diplôme n’étant pas reconnu en Belgique, elle entre donc dans les conditions d’accès au stage. Elle est dès lors engagée comme stagiaire dans une crèche. Voici ce qu’elle nous rapporte de son expérience : “Les stages sont une manière pour l’État de ne pas s’occuper des demandeurs d’emploi en donnant le bébé aux entreprises qui ont besoin de main d’œuvre mais manquent d’argent pour embaucher… Du coup le stagiaire fait le boulot normal mais est payé 500 balles par mois.”
Concernant le salaire annoncé par l’Onem, nous sommes finalement assez loin du compte. Sur base de cinq jours de travail hebdomadaire et d’un salaire journalier de 26,82 euros, Chloé devrait gagner 536,40 euros. Soit un salaire total de 736,40 euros au total, en y ajoutant l’allocation versée par l’employeur. Or, Chloé gagne 500 euros pour 38h de travail par semaine. Enfin, aucune prise en charge des déplacements n’a été octroyée à Chloé. Par contre du côté de l’employeur, embaucher un stagiaire représente un avantage économique non négligeable, puisque cela l’exonère d’environ 800 euros de charges salariales. Quant est-il de l’accompagnement annoncé ? Inexistant nous dira Chloé, si ce n’est une réunion-bilan à mi-parcours. Déçue, la jeune femme poursuit: “Pour moi, il n’y a eu une absence totale de reconnaissance de l’État et de l’équipe qui accueille le stagiaire. Il est mis de côté, on le perçoit comme un incapable…” Toutefois elle relève quelques aspects positifs, notamment en matière d’estime de soi: “Au moins j’ai fait quelque chose, j’ai pu apprendre” nous dira-t-elle. Ce stage lui a tout de même permis non seulement d’enrichir ses connaissances mais aussi de découvrir un milieu professionnel jusque-là inconnu. Une fois le stage terminé (qu’elle a interrompu avant la fin) elle n’a plus eu de nouvelles d’Actiris.
Quel bilan?
Pour ce qui est des organismes publics, l’Onem n’a pas souhaité nous recevoir. Du côté d’Actiris, Sarah Thomas, attachée de presse, nous précise que le stage de transition est accessible à tous les ressortissants de l’Union européenne, sous réserve de remplir les conditions énoncées ci-dessus. Consciente des limites actuelles du système, elle nous annonce des améliorations notables d’ici 2015, notamment en ce qui concerne le suivi des stagiaires. Il faut dire que si le stage de transition professionnelle permet au jeune demandeur d’emploi d’avoir une première expérience avec le monde du travail, il semble présenter encore des lacunes…