Batailler pour son logement durant la crise sanitai
Avec les confinements successifs, nombreux sont les étudiants qui se sont retrouvés sans emploi et donc sans ressources pour payer leur logement. Une situation qu’a connue Shadi, un jeune étudiant bruxellois qui a partagé avec nous les différentes étapes traversées pendant la crise à propos de son logement.
Shadi Ellaffet est un jeune étudiant bruxellois âgé de 26 ans. Dans un premier temps, il a tenté la médecine pendant deux ans en France. «Ayant malheureusement échoué, j’ai décidé de venir tenter ma chance et faire kiné en Belgique… C’était en 2016. J’ai fini par entreprendre un bachelier en sciences de la motricité, module général à l’ULB, et il me manque encore deux ans pour être diplômé.»
Là où l’argent réside
Si le choix des études s’est révélé porteur, celui du logement fut plus problématique, notamment en raison de son coût qui l’a très vite mis au pied du mur. Venant d’une famille modeste, il ne pouvait pas vraiment compter sur sa mère pour lui envoyer de l’argent. Il a donc dû trouver des solutions seul. «Le loyer s’élève à 530 euros, ce qui est énorme. Cela a été très difficile pour moi les premières années, car je n’avais pas pu obtenir de bourse. Je me suis donc débrouillé et j’ai fait énormément de petits boulots par-ci par-là.»
C’est heureusement une situation qui n’a pas duré car il a finalement trouvé un job les week-ends en boîte de nuit, où il était payé suffisamment pour payer son loyer et avoir encore assez d’argent pour vivre. Pendant deux ans, il a pu garder son logement sans avoir trop de problèmes de ce côté-là. «À l’ULB, il y a le panier alimentaire, ce qui m’aidait beaucoup. Pour seulement quatre euros, je pouvais avoir des provisions, ce qui me permettait d’économiser pour faire autre chose.»
À part ses petits jobs que Shadi trouvait à gauche et à droite, il s’est aussi redirigé vers des associations pour obtenir de l’aide financière. Une aide qu’il a souvent dû trouver seul. Selon lui, l’université n’informe pas correctement les étudiants sur les soutiens possibles. «L’organisation est très bancale à mes yeux… Si l’université indique toutes les aides possibles, informe sur le travail des associations, sur les bourses qu’on peut obtenir ou les services sociaux… elle n’en parle que trois ou quatre jours avant les dates d’échéances. Donc, si on ne fait pas attention, on passe facilement à côté de toutes ces aides.»
De 1.000 euros à zéro
Lorsque le Covid-19 est arrivé, tout a été chamboulé pour Shadi. Il a perdu son job au Bloody Louis, la boîte de nuit où il travaillait. Sans revenu, il s’est retrouvé perdu et il songeait même à retourner en France. «L’arrivée du virus et le confinement ont été vraiment un électrochoc. Je me suis retrouvé du jour au lendemain sans job étudiant. Je suis passé de 1.000 euros à rien.»
C’est alors que le jeune étudiant en kiné n’a pas eu d’autre choix que de harceler les agences d’intérims. «Tous les jours, je les appelais pour leur dire que j’avais absolument besoin d’un boulot, sans quoi je ne pouvais pas payer mon logement.» Il a néanmoins pu recevoir de l’aide de l’université qui lui a versé 285 euros, ainsi que de l’aide du CPAS. Mais ce n’était pas suffisant pour payer son loyer et pouvoir vivre correctement. «Pour mon loyer, j’ai vraiment dû batailler, je postulais partout, j’ai même pensé à vendre mes vêtements ou ma télévision.» Fort heureusement, il a pu compter sur ses frères qui l’ont aidé à payer son loyer dans un premier temps.
Un toit sur la tête
Ce n’est que vers la mi-avril 2020 que ce jeune étudiant a enfin pu retrouver un job et de nouveau pouvoir payer son loyer. Il a pu retomber sur ses pattes et ainsi garder son logement. «Au début du confinement, j’ai eu peur parfois de me retrouver à la rue, faute de pouvoir le payer. Heureusement, j’ai pu me faire aider et je n’ai rien lâché dans mes recherches de job… C’est grâce à cela que j’ai pu garder un toit sur la tête.»
Le jeune étudiant espère que l’avenir sera un peu plus stable, tant pour son logement que pour ses études qu’il compte bien terminer dans les meilleures conditions possibles dans son petit chez-soi.