La crise sanitaire et le sort des jeunes, vus par des jeunes
La pandémie mondiale qui nous touche depuis le début de l’année 2020 fait des ravages. Le coronavirus a fait émerger des crises au niveau sanitaire, économique et social. Mais qu’en est-il des jeunes pour qui cette pandémie a mis en lumière et renforcé les inégalités ? On l’a bien vu, parfois au bout du rouleau, les jeunes craquent… Ils montrent notamment leur mécontentement à travers des manifestations.
Ce 1er mars, il y a eu une mobilisation pour dénoncer l’isolement et la précarité des étudiants, en particulier. Solutions à leur détresse psychologique, bourses spéciales et retour au présentiel : voilà les grandes lignes des réclamations, énoncées lors de cette manifestation où plus de 500 jeunes sont sortis protester sur le campus du Solbosch de l’Université libre de Bruxelles. Lors de cette mobilisation, certains étudiants ont exprimé leurs craintes et les choses qu’ils voulaient voir bouger. Et ce n’est pas la seule qui s’est déroulée depuis que les tensions sont palpables. Les jeunes essaient de faire entendre leur voix comme ils le peuvent pour surmonter cette crise sanitaire. C’est dans ce contexte que nous avons été amenés à investiguer la thématique : « Jeunes, inégalités sociales et Covid », choisie cette année par l’Agence Alter dans le cadre du projet Bruxitizen.
TOUS DANS LE BAIN, MAIS PAS FORCÉMENT LOGÉS À LA MÊME ENSEIGNE
Le confinement a imposé bien des contraintes, et ce, sans que personne n’y échappe… Petits comme grands, la réalité sociale de chacun s’est vue complètement transformée. Depuis plusieurs semaines maintenant, les jeunes s’évertuent à faire entendre leur voix, car ils estiment être les « oubliés de la crise », même si d’autres groupes de population sont également en déshérence. Isolés, souvent avec pour seule compagnie un ordinateur (mais pas toujours…), parfois privés de revenus afin de mener une vie décente, obligés de faire une croix sur les virées entre copains pendant que d’autres bravent l’interdit des sorties après le couvre-feu pour tenter de sortir de la dépression… : tous font face à la même situation, mais pas avec les mêmes armes pour l’affronter. Afin de tenter de capter un certain nombre d’enjeux qui se trament derrière ces inégalités de plus en plus profondes, l’Agence Alter, avec son projet Bruxitizen, a proposé à des élèves de l’Université Saint-Louis Bruxelles de se pencher sur la crise vue par les jeunes. C’est au travers de quatre ateliers médias que les étudiants ont tenté d’assembler la maquette de cette réalité dure. Tantôt en présentiel, tantôt en distanciel, les élèves sont parvenus à présenter le fruit de leur travail après des mois de labeur dans des conditions pas toujours évidentes.
RENDRE COMPTE DES RÉALITÉS DE TERRAIN
De la presse écrite à la radio, en passant par la réalisation de vidéos et de reportages photos, ces jeunes étudiants ont su trouver la motivation et surtout l’inspiration pour pouvoir aborder cette problématique compliquée dans ces différents ateliers. Et ce, malgré le virus et ses nombreuses restrictions sanitaires. La visite du quartier anderlechtois de Cureghem, réalisée en octobre dernier par groupes de quatre, a pu les aider à mettre en lumière les pré–occupations de nombreux intervenants, rencontrés à cette occasion.
C’est le cas du « collectif des Gastrosophes » ou encore l’asbl Compas, présents notamment lors de l’émission radio réalisée et animée par les étudiants de cet atelier, en décembre 2020.Cette visite a aussi fortement influencé l’atelier photo par la réalisation de deux reportages au sein de ces rues anderlechtoises, ainsi qu’au Centre de jeunes d’Anderlecht. L’atelier d’écriture s’est quant à lui intéressé à développer huit articles, selon quatre grandes lignes directrices : l’enseignement, l’emploi, le logement et le sans-abrisme des jeunes. Enfin, l’atelier vidéo s’est attelé à la réalisation de deux courts métrages, l’un mettant en avant le vécu d’un jeune au sein de sa famille, par temps de Covid-19, et l’autre, celui de travailleurs sociaux dans le domaine de l’aide à la jeunesse. Que ce soit en radio, en photo, en presse écrite ou en vidéo, les étudiants, participants actifs au projet Bruxitizen, ont su mettre en lumière par leurs nombreuses productions médiatiques cette lourde problématique des inégalités sociales qui touchent particulièrement cette génération à laquelle ils appartiennent, par ces temps de Covid.
« Malgré le fait que les difficultés de certains jeunes soient dépeintes à travers certaines productions, il en ressort un fil d’Ariane qui unit autour de la solidarité : la reconnaissance de l’autre, la compréhension, l’aide et l’entraide. »
UN FIL D’ARIANE : LA SOLIDARITÉ
À travers ce projet de Bruxitizen, découpé en plusieurs ateliers, les étudiants se sont exprimés à leur manière, et leur travail est le reflet d’un acharne–ment sans faille pour faire entendre leur voix face à cette crise qui semble ne plus finir. Confinement sur confinement, le moral ne semble pas au beau fixe et, pourtant, à travers cette revue, nous allons pouvoir découvrir l’âme de chaque étudiant ayant travaillé sur ce projet qui met en avant la volonté de chacun de voir un lendemain plein d’espoir pour la jeunesse. Les étudiants n’ont pas démérité pour sortir de leur zone de confort, malgré ces temps difficiles. Malgré le fait que les difficultés de certains jeunes soient dépeintes à travers certaines productions, il en ressort un fil d’Ariane qui unit autour de la solidarité : la reconnaissance de l’autre, la compréhension, l’aide et l’entraide. Tous se languissent de la vie d’avant : que l’on soit un jeune en situation de précarité ou non, la crise a touché chacun à sa manière et pèse sur l’envie d’envisager l’avenir. Il n’empêche que, dans l’attente d’un retour à la normale, souvenons-nous qu’un regard, un sourire, un geste peut avoir un impact et embellir la journée de tout un chacun.L’important est de se tourner vers demain. Si les jeunes semblent à bout, il n’empêche que c’est cette fougue, caractéristique de la jeunesse, qui continue et continuera à les pousser à faire bouger les choses pour un meilleur lendemain.